Donner du sens à la commémoration de l’Armistice de la Grande Guerre

Ma chère Jeanne,

Demain à la 1ère heure, aux accents de la Sidi-Brahim et de la Marseillaise, nous chargerons les lignes allemandes. L’attaque sera probablement meurtrière. Je viens, à la veille de ce grand jour qui sera peut-être le dernier, vous rappeler votre promesse. Si vous pouvez aller à la maison ces jours-ci, rassurez ma mère ; pendant une huitaine de jours, elle va être privée de nouvelles. Dites lui que lorsque l’on va de l’avant, on ne peut écrire à ceux qu’on aime, on se contente de songer à eux. Et si le temps s’écoule et qu’on ne reçoive rien de moi, laissez la vivre d’espoir, soutenez la. Si enfin, vous apprenez que je suis tombé au champ d’honneur, faites sortir de votre coeur, ma chère amie, les mots qui consolent. Je crois en Dieu, en la France, en la Victoire. Je crois en la beauté, en la jeunesse et en la vie. Puisse Dieu me protéger jusqu’au bout, mais si mon sang est utile à notre Victoire, mon Dieu, que votre volonté soit faite !