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Anna Monius, une Juste à Claix ?
samedi 29 octobre 2005, par
L’idée de « Justes des Nations » vient du Talmud. Au long des générations, il a servi à désigner toute personne non juive ayant manifesté une relation positive et amicale envers les Juifs.
Lorsque Jérémie Vial, né à Claix en 1891, fils de Joseph Vial ancien Maire de Claix, partit à la guerre de 14-18, il ne se doutait pas qu’il finirait par s’installer en Allemagne à l’issue de l’occupation qui suivit la guerre et épouserait Anna Monius (née en 1892) à Wiesbaden en 1921.

Anna et Jérémie, ont tenu pendant quelques années à Munich un restaurant qu’ils avaient appelé le « Gratin Dauphinois ».
C’est seulement le crack de 1929 et les faillites qu’il a entraîné qui conduisit Anna et Jérémie à revenir à Claix. Jérémie devint cantonnier, chargé de la route du Peuil et Anna s’occupa d’enfants de l’assistance publique ainsi que d’enfants que des Grenoblois lui donnaient à garder pour qu’ils profitent du bon air de la campagne de Claix.
Anna n’était pas très aimée à Claix, l’entre-deux guerres n’étant pas particulièrement favorable pour l’intégration des Allemands en France. Quand la guerre de 39-45 fut déclarée, cette situation devint encore plus difficile.
C’est pendant cette période qu’Anna garda chez elle des enfants juifs, de la famille Frankenstein, possesseurs d’un magasin de trousseau ménager à Grenoble, qu’elle mit à l’abri pendant cette période troublée leur permettant d’échapper ainsi à la déportation.
On relate aussi qu’Anna, profitant de ce qu’elle parlait couramment allemand, fit une descente à Grenoble à l’Hôtel Lesdiguières, siège de l’armée allemande d’occupation, pour faire libérer un Claixois de Malhivert emprisonné par les Allemands.
C’est Anna également qui a permis aux américains de passage à Claix qui avaient fait étape à la Côte après le débarquement de Provence de converser avec la population locale. Les échanges avec les américains ayant lieu en Allemand qu’elle traduisait ensuite aux Claixois.
Après la mort accidentelle de Jérémie à l’âge de 50 ans, Anna se remaria à Claix en 1951. Elle vécut ensuite à Grenoble. Elle est enterrée au cimetière de Claix avec Jérémie Vial.
NB : Anna Monius n’a pas été reconnue officiellement comme une juste (voir la liste des justes par pays) car sa modeste contribution est restée méconnue...
Histoire recueillie auprès d’André Blanchon qui fut élevé par Anna Monius à partir de l’âge de 3 ans et de Léon Bony neveu d’Anna et Jérémie.